Lieu de rassemblement, de fêtes et de spectacles, le marché est le cœur économique et social des villes aux 17e et 18e siècles. C’est logiquement à ce carrefour stratégique où se côtoient marchands itinérants et habitants sédentaires, paysans et artisans, ruraux et citadins, que le colporteur s’installe pour vendre sa marchandise : objets de piété, mercerie, petits ustensiles du quotidien et impressions populaires.
La nature pour guide
Le marché est en ville le lieu privilégié pour toucher la population paysanne. Venus vendre leurs produits ou acheter des objets qu’ils ne fabriquent pas eux-mêmes, les ruraux achètent des livres qui les guident dans les travaux agricoles. L’Almanach du bon laboureur, Le Calendrier perpétuel aux bons laboureurs ou Le Nouveau jardinier français sont emplis de conseils et de prédictions précieuses : évolutions météorologiques, phases de la lune,…
L’usage des plantes intéresse également les habitants des villes, nombreux à posséder un jardin ou un verger. Des ouvrages scientifiques plus anciens ont ainsi été vulgarisés dans la Bibliothèque bleue. C’est le cas de l’Histoire des plantes du médecin allemand Leonard Fuchs (1501-1566), dont l’œuvre est reprise partiellement et souvent de manière fantaisiste dans la Bibliothèque bleue avec des illustrations de médiocre qualité : herboriser avec les livres bleus n’est donc pas bien prudent !
Utile et indispensable à tous les travaux, le cheval est l’animal le plus prisé et incontournable de l’époque : travaux des champs, voyages, combats,… Rien ne s’envisage sans lui ! Le Maréchal expert, best-seller de la Bibliothèque bleue, décrit ainsi le cheval sous toutes ses coutures et explique comment prévenir ses maladies, le guérir, le nourrir,…
Les prémices de l’art culinaire
Le 17e siècle voit l’art culinaire se transformer et les livrets de la Bibliothèque bleue contribuent à diffuser ces évolutions dont témoignent Le Cuisinier françois et Le Pâtissier françois. Y est décrite une cuisine aristocratique aux ingrédients nombreux et variés et aux plats copieux. Ces ouvrages tiennent compte du calendrier religieux ; ils détaillent ainsi, « pour les jours maigres », la manière d’apprêter les œufs de plus de soixante façons différentes ! Subtilité du langage de l’époque, la pâtisserie désigne tout type de plat à base de pâte, aussi bien salée que sucrée. On trouve donc dans Le Pâtissier françois des tourtes, des pâtés en croûte, aussi bien que des gâteaux ou des tartes sucrées.